Localisation: France/Nouvelle-Aquitaine/Gironde/Bordeaux
Site (nom antique): Burdigala
(nom moderne): Bordeaux
Province romaine: Aquitania
Support: Plaque
Matériau: Calcaire (dur)
Décor: La plaque est bordée par un cadre rectangulaire mouluré et orné suivant un modèle connu dans les arts du métal. Les moulures sont couvertes par une rangée de feuilles d’acanthe aux lobes arrondis ; sur la moulure extérieure court une ligne de godrons
Dimensions: 62/90/16
Lieu de découverte: Bordeaux
Contexte local: Rempart gallo-romain
Conditions de découverte: Sous la chaussée de la rue Guillaume-Brochon, entre le 6 et le 7 lors de la mise au jour du rempart gallo-romain en 1851
Lieu de conservation: Bordeaux
Institution de conservation: Musée d'Aquitaine
N° inventaire: 60.1.274
Description du champs épigraphique: Limité par le cadre Dimensions: 44/72
État de conservation: Très bon
Mise en page: Cadrage selon l’axe de symétrie vertical ; les maladresses sont nombreuses ; lignes irrégulières (1, 6, 8), lignes décalées à droite (l. 2), ou à gauche (l. 3), repentirs (l. 2)
Écriture: Capitale carrée
Style écriture: L’ensemble est d’un bel aspect. Gravure très appliquée, avec un sillon triangulaire très net ; écriture recherchée, comme le montre le tracé de nombreuses lettres, mais on compte aussi des lettres malhabiles ou mal venues (l. 8, l. 2, F tout petit rajouté) ; le T dépasse l’alignement, l. 1 et 7 ; hederae de petite taille, stylisées (l. 2-4), mêlées à des points séparatifs. Ligatures nombreuses, qui ne dépendent pas de la mise en page ; on en compte 15, contre 90 lettres simples (IRB; , p. 437) : l. 1 (ET ou TE) ; l. 2 (MA et VM) ; l. 3 (NE) ; l. 4 (MA, VM, TE, NI) ; l. 5 (MA, TR, VND, MA, IF, LT) ; l. 7 (TE)H. lettres ligne 1 : 7. Ligne 2 : 5. Ligne 3 : 4. Lignes 4/5 : 3. Ligne 6 : 2,3. Ligne 7 : 6,5. Ligne 8 : 3,5. Interligne : 1
Type de texte: Épitaphe
Datation du texte: 51/100
Justificatif datation: L’absence de consécration aux Dieux Mânes suggère une datation haute, comme les archaïsmes de l’onomastique, aussi bien gauloise que gallo-romaine. Le support est également datable du ier siècle, plutôt de la seconde moitié du siècle
Édition corpus: IRB, 1 , p. 361-363, 274; CIL, XIII , 800; Raybould & Sims-Williams 2007 , aqv 37; ILA, Bordeaux , 164, photo;
Texte
01 MAXSVMO▴A⁽ET⁾V 02 LAE❦F❦MAIORI▴⁽MA⁾XS⁽VM⁾▴F 03 ICAE▴CONGON⁽NE⁾TIACI▴F 4 FABATVS▴⁽MA⁾XS⁽VM⁾I❦F❦⁽ET⁾▴COM⁽NI⁾TSIAE 05 ⁽MA⁾⁽TR⁾I▴SEC⁽VND⁾O▴⁽MA⁾XS⁽VM⁾FCE⁽LT⁾AE 06 SORORI 07 ME⁽TE⁾LLVS▴LDE SVO 8 FECI uac. MAC |
01 Maxsumo A⁽et⁾u- 02 lae f(ilio), Maiori ⁽Ma⁾xs⁽um⁾(i) f(ilio), 03 Icae Congon⁽ne⁾tiaci f(iliae), 4 Fabatus ⁽Ma⁾xs⁽um⁾i f(ilius) ⁽et⁾ Com⁽ni⁾tsiae 05 ⁽ma⁾⁽tr⁾i, Sec⁽und⁾o ⁽Ma⁾xs⁽um⁾(i) f(ilio), Ce⁽lt⁾ae 06 sorori, 07 Me⁽te⁾llus l(ibertus), de suo 8 feci(t) mac(eriam) . |
Traduction:
À Maxsumus fils d’Aetula, à Maior fils de Maxsumus, à Ica fille de Congonnetiacus ; Fabatus fils de Maxsumus, à Comnitsia, sa mère, à Secundus fils de Maxsumus et à Celta sa soeur. Metellus, son affranchi, a fait exécuter à ses frais cet enclos.
Apparat critique:
L. 1/2, Ateulae, préféré à Aetulae par Hirschfeld, ou Aetulae, choisi par Jullian (IRB; , p. 651, cf. 1, p. 362) ? La ligature ET de la l. 4, fait préférer la lecture de Jullian.Le développement de la l. 8 est probable. À la fin du premier mot, on distingue nettement la trace d’un S (fecis), non gravé ou effacé ensuite. À la fin, mac(eriam), Jullian.
Commentaires:
Le constructeur du tombeau, Fabatus, a édifié la tombe familiale où reposaient : 1), son père Maxsumus fils d’Aetula ; 2) Major, le fils aîné de Maxsumus ; 3) Secundus, le second fils de Maxsumus ; 4) Celta, fille de Maxsumus, soeur de Fabatus ; 5) Comnitsia, femme de Maxsumus ; 6) Ica, épouse (?) de Fabatus. Metellus, affranchi de Fabatus, a élevé la maceria (l. 8), l’enclos funéraire, ou la clôture qui protégeait la sépulture (Jullian).
Nous préférons cette lecture à celle de Raybould et Sims-Williams, qui supposent que Fabatus est mis par erreur pour Fabato (Fabatus prendrait ainsi place parmi les membres de la famille dont Metellus a érigé le tombeau) et qui, en désespoir de cause, développent le mot final en mac(ro) et l’accordent avec suo (Metellus, their freedman, made this out of his own slender (?) means). Aetula ∞ x Maxsumus ∞ Comnitsia Congonnetiacus ∞ x Maior Secundus Celta Fabatus ∞ Ica Maxsumus et ses trois fils portent des idionymes latins suivis de leur patronyme ; les noms de Maior et de Secundus se réfèrent à leur position dans la fratrie.
À la différence des leurs, Fabatus porte comme nom un cognomen latin rare (Kajanto 1965; , p. 335 ; Lõrincz 1999; , p. 132). Les femmes ne sont désignées que par leur nom personnel, qui est d’origine indigène. Ica est connu seul ou en composition (Delamarre 2001; , p. 158 ; Delamarre 2007; , p. 108, considère Ica comme un masculin dans cette inscription (de même qu’Aetula), ce qui est possible, mais on ne saurait alors comment expliquer la présence de cet homme dans la famille ; Delamarre cite à l’appui de son interprétation Ica, potier de Lezoux, mais, en même temps, une déesse Ica, de Pola. L’inscription de Bordeaux est la seule attestation de Comnitsia (Lõrincz & Redõ 1994; , p. 71). Celta : l’ethnique est employé le plus souvent en composition ; son sens le plus vraisemblable "celui ou celle qui s’élève, qui domine" (au propre et au figuré) a pu donner naissance aux nombreux noms qui comportent l’élément *celt- (Evans 1967; , p. 332-333).
Le stemma permet de comprendre l’évolution de l’onomastique indigène vers la latinisation. Aetula, le père de Maxsumus, est un nom gaulois en -a. Il est vraisemblablement issu du celte *aidu, "feu, ardeur" (Delamarre 2001; , p. 31), mais on en a ici l’unique attestation (Lõrincz & Redõ 1994; , p. 71 ; Delamarre 2007; , p. 14) ; comme l’a à nouveau relevé récemment Vallejo Ruiz (2004), les noms celtes masculins en -a sont relativement fréquents. Si Maximus et ses fils portent des noms latins, lui-même et au moins un de ses fils, Fabatus, épousent des femmes au nom indigène, car l’onomastique féminine a été parfois plus conservatrice ; d’autres anthroponymes doivent avoir le même déterminant, comme Aetunessus ou Aetus. Le beau-père (vraisemblable) du dédicant, bien que de la génération de Maximus, porte lui aussi un nom dont les éléments Con-gonneto + le suffixe -iacus entrent en composition dans divers noms gaulois (Lõrincz 1999; , p. 72) ; Cogonnetiacus est aussi le surnom d’un cavalier biturige qui servit à Cherchel peu après le milieu du Ier siècle (CIL; , 21024). Le préfixe con- est très fréquent ("avec, ensemble, également", Delamarre 2001; , p. 101) ; Schmidt (Schmidt 1957; , p. 219-220) rapproche *gon(n)eto- de genos, genus, et lui donne le sens d’"engendré", d’où, pour Con-gonneto-, "celui qui est de la même lignée", donc l’équivalent de Congonius ou Congennicus, ce qui resterait à prouver (cf. Evans 1967; , p. 75 : "The fact remains that the meaning of con-gon(n)eto- is unknown" ; Id., p. 211 : "Gaulish gon(n)-, gon(n)eto- may well be of multiple origin"). Enfin Metellus, le réalisateur du panneau, affranchi de pérégrin, et donc lui-même un pérégrin porte un nom associé à une prestigieuse famille romaine ; mais il est bien attesté en Gaule et en Italie du Nord en raison de son homophonie avec le celte *metelo-, "moissonneur" (Delamarre 2001; , p. 191).
Nous préférons cette lecture à celle de Raybould et Sims-Williams, qui supposent que Fabatus est mis par erreur pour Fabato (Fabatus prendrait ainsi place parmi les membres de la famille dont Metellus a érigé le tombeau) et qui, en désespoir de cause, développent le mot final en mac(ro) et l’accordent avec suo (Metellus, their freedman, made this out of his own slender (?) means). Aetula ∞ x Maxsumus ∞ Comnitsia Congonnetiacus ∞ x Maior Secundus Celta Fabatus ∞ Ica Maxsumus et ses trois fils portent des idionymes latins suivis de leur patronyme ; les noms de Maior et de Secundus se réfèrent à leur position dans la fratrie.
À la différence des leurs, Fabatus porte comme nom un cognomen latin rare (Kajanto 1965; , p. 335 ; Lõrincz 1999; , p. 132). Les femmes ne sont désignées que par leur nom personnel, qui est d’origine indigène. Ica est connu seul ou en composition (Delamarre 2001; , p. 158 ; Delamarre 2007; , p. 108, considère Ica comme un masculin dans cette inscription (de même qu’Aetula), ce qui est possible, mais on ne saurait alors comment expliquer la présence de cet homme dans la famille ; Delamarre cite à l’appui de son interprétation Ica, potier de Lezoux, mais, en même temps, une déesse Ica, de Pola. L’inscription de Bordeaux est la seule attestation de Comnitsia (Lõrincz & Redõ 1994; , p. 71). Celta : l’ethnique est employé le plus souvent en composition ; son sens le plus vraisemblable "celui ou celle qui s’élève, qui domine" (au propre et au figuré) a pu donner naissance aux nombreux noms qui comportent l’élément *celt- (Evans 1967; , p. 332-333).
Le stemma permet de comprendre l’évolution de l’onomastique indigène vers la latinisation. Aetula, le père de Maxsumus, est un nom gaulois en -a. Il est vraisemblablement issu du celte *aidu, "feu, ardeur" (Delamarre 2001; , p. 31), mais on en a ici l’unique attestation (Lõrincz & Redõ 1994; , p. 71 ; Delamarre 2007; , p. 14) ; comme l’a à nouveau relevé récemment Vallejo Ruiz (2004), les noms celtes masculins en -a sont relativement fréquents. Si Maximus et ses fils portent des noms latins, lui-même et au moins un de ses fils, Fabatus, épousent des femmes au nom indigène, car l’onomastique féminine a été parfois plus conservatrice ; d’autres anthroponymes doivent avoir le même déterminant, comme Aetunessus ou Aetus. Le beau-père (vraisemblable) du dédicant, bien que de la génération de Maximus, porte lui aussi un nom dont les éléments Con-gonneto + le suffixe -iacus entrent en composition dans divers noms gaulois (Lõrincz 1999; , p. 72) ; Cogonnetiacus est aussi le surnom d’un cavalier biturige qui servit à Cherchel peu après le milieu du Ier siècle (CIL; , 21024). Le préfixe con- est très fréquent ("avec, ensemble, également", Delamarre 2001; , p. 101) ; Schmidt (Schmidt 1957; , p. 219-220) rapproche *gon(n)eto- de genos, genus, et lui donne le sens d’"engendré", d’où, pour Con-gonneto-, "celui qui est de la même lignée", donc l’équivalent de Congonius ou Congennicus, ce qui resterait à prouver (cf. Evans 1967; , p. 75 : "The fact remains that the meaning of con-gon(n)eto- is unknown" ; Id., p. 211 : "Gaulish gon(n)-, gon(n)eto- may well be of multiple origin"). Enfin Metellus, le réalisateur du panneau, affranchi de pérégrin, et donc lui-même un pérégrin porte un nom associé à une prestigieuse famille romaine ; mais il est bien attesté en Gaule et en Italie du Nord en raison de son homophonie avec le celte *metelo-, "moissonneur" (Delamarre 2001; , p. 191).
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©2002 Navarro-Caballero Milagros, Maurin Louis (Édition); Prévôt Nathalie (Encodage TEI); Florent Comte (3D); Nathalie Prévôt (Database Design)